Laura était assise sur les marches menant à l'entrée de la maison dans laquelle elle avait grandit. Son regard était posé dans la vide tandis que sa main tenait son visage en dessous de son menton. La jeune femme était aujourd'hui âgée de vingt-deux ans, elle était fiancée depuis près de trois mois et on pouvait dire que sa vie était parfaite. Ses deux parents n'avaient jamais cessé de lui donner de l'amour et Laura n'avait jamais manqué de quoi que ce soit, il fallait bien avouer qu'en aillant un père avocat et une mère chirurgienne avoir des problèmes d'argents n'étaient pas possible. Bien sûr Laura avait dû apprendre à se gérer toute seule assez tôt, devenant indépendante à l'âge de huit ans, ses parents étant souvent absents, elle avait dû apprendre à tout faire d'elle-même. Pourtant le plus souvent il y avait sa nourrice Amélia, Laura l'avait toujours beaucoup aimé mais elle avait toujours eu ce petit goût pour son indépendance. Enfin, tout ceci pour dire que la jeune Laura n'avait pas réellement à se plaindre de son existence, ses amis l'enviaient, elle le savait mais Laura c'était eux qu'elle enviait. Sa meilleure amie était la femme sûrement la plus heureuse du monde depuis quelques mois, elle avait apprit qu'elle était enceinte, de jumeaux qui plus est, Laura serait la marraine de l'un d'eux. Elle était réellement heureuse pour elle, mais depuis quelques semaines une pointe de jalousie pointait le bout de son nez. Elle se souvenait parfaitement du jour où elle avait reçu cette lettre qui lui avait fait verser tellement de larmes, une lettre qui avait été comme un coup de poignard en plein cœur, Laura avait apprit qu'elle ne pouvait pas avoir d'enfants, elle était stérile et cette incapacité à avoir des enfants lui avait réellement fait du mal. Pourtant Andreas – son petit-ami depuis quatre ans et fiancé – lui avait assuré qu'ils auraient des enfants ou tout du moins un, mais elle ne parvenait pas à y croire. Assise sur les marches, Laura pensait à tout ceci. Elle venait de fêter ses vingt-deux ans et la coutume voulait que lorsqu'elle souffla ses bougies elle fasse un vœu : elle avait tout simplement souhaité avoir un enfant. Avoir un petit être à protégé et à s'occuper faisait partie de ses rêves, elle voulait goûter au plaisir d'être mère, avoir un enfant qui plus tard viendrait vous poser tous pleins de questions même si elles étaient particulièrement gênantes. La jeune femme sortie enfin de ses pensées, rejetant en arrière ses longs cheveux d'un roux naturelle, elle posa ses bras en arrière contre le sol de manière à pouvoir prendre le soleil. Sa peau était d'un naturel matte, légèrement parsemé de tâches de rousseurs sur son visage, tout ceci faisant ressortir son regard vert profond. Laura avait conscience d'être jolie mais ça n'avait jamais été quelque chose dont elle s'était vantée, étant bien trop modeste pour ça.

« J'ai peut-être une idée pour un enfant... »

Laura ne sentait plus la chaleur du soleil sur son visage, la personne qui venait de parler le lui cachant. Elle avait reconnu sa voix, cette voix grave mais tout de même suave qu'elle aimait tant. Doucement elle ouvrit les yeux lui permettant de voir ce visage qu'elle connaissait par cœur, les moindres traits étaient imprimés à jamais de son esprit. Ses cheveux bruns sans cesse en bataille même si l'on essayait d'en faire quelque chose. Laura avait toujours cette fâcheuse manie de les ébouriffer même s'il n'aimait pas ça. Sa peau était plus foncée que la sienne, il avait presque l'air d'être métisse. Son nez légèrement retroussé l'avait toujours fais craquer ainsi que son regard marron-noisette au légère touche de doré. Il avait l'air toujours si sérieux, pourtant Laura savait que ce n'était pas le cas, Andreas adorait rire, il plaisantait sans cesse – bien que parfois son sens de l'humour soit assez particulier – et surtout il souriait toujours, même lorsque ça n'allait pas. La jeune femme se redressa légèrement, fit signe à son fiancé de prendre place à côté d'elle – ce qu'il fit – et posa son regard vert sur son doux visage. Doucement Laura vint poser sa tête sur son épaule, laissant le soleil réchauffer son visage une nouvelle fois. Tous les deux n'avaient que vingt-deux ans mais ils savaient également qu'ils ne se sépareraient pas, qu'ils resteraient ensemble et le fait d'avoir un enfant serait l'aboutissement de leur amour mais malheureusement Laura était dans l'incapacité d'en avoir.

Laura n'aurait jamais pensé que l'adoption se passerait aussi rapidement. Elle avait toujours entendu dire que ce genre de procédure pouvait mettre très longtemps avant d'être acceptée mais pour ce qui était de son cas tout avait été rapide. Enfin la jeune femme savait que son père n'y était pas pour rien, son rang d'avocat très réputé l'avait beaucoup aidé, Laura ne pouvait pas le nier mais ça la touchait qu'il prenne tant d'importance à cette histoire, car après tout en adoptant Laura faisait de ses parents des grands-parents. Assise côté passager dans la voiture d'Andreas, Laura s'imaginait déjà dans l'orphelinat serrant sa petite fille dans ses bras, elle allait enfin devenir mère, elle qui attendait ça depuis si longtemps. Car un an était peut être court pour une grande majorité des gens mais pour elle c'était très long, beaucoup trop long. Mais sa patience avait été un bon point puisqu'aujourd'hui l'un de ses rêves se réalisait enfin, bien qu'à présent elle bouillonnait d'impatience. La route entre Rome et Florence était longue mais Andreas ne cessait de lui parler afin de lui changer les idées, de lui faire oublier à quel point le temps et les kilomètres passaient trop lentement, car Laura le savait : Andreas attendait ce moment tout aussi impatiemment qu'elle. Ce fut après plusieurs heures de route que le couple parvint enfin à l'orphelinat où vivait leur future fille depuis trois ans. Laura avait vraiment été touché par son histoire, la pauvre petite se trouvait ici parce que sa mère était morte en lui donnant naissance et il n'y avait aucune trace du père, elle était seule et sanas famille. Et puis lorsqu'ils l'avaient vu la première fois, ils n'avaient pas pu s'empêcher de craquer sur cette petite bouille d'ange. Laura se souvenait parfaitement du regard noisette de la petite qui brillait par la joie, rien que d'y penser son cœur se serra. La jeune femme sortie doucement de la voiture, remettant ses cheveux roux en place par l'habitude, elle rejoignit calmement Andreas bien que son impatience se faisait de plus en plus grande, mais préférant ne rien laisser paraître, elle monta les marches qui menait à l'entrer en suivant son mari calmement.
L'endroit n'avait pas changé depuis la dernière fois où ils étaient venus. Même si l'extérieur n'était pas particulièrement accueillant – l'endroit ressemblait plus à une vieille internat de film d'horreur qu'à une orphelinat –, l'intérieur était beaucoup plus soigné. Les murs étaient pour la plupart de couleur lavande pâle avec de jolies frises en haut du mur. Chaque pièce avait une décoration particulière, toute aussi jolie les unes que les autres, mais l'endroit que Laura connaissait par cœur était le bureau de la directrice ainsi que la chambre de sa fille. L'endroit était calme, pourtant on pouvait entendre les cris joyeux des enfants qui jouaient dehors ainsi que les talons de la jeune femme claquant sur le sol en carrelage. Connaissant le chemin par cœur, Laura et Andreas arrivèrent enfin près du bureau de la directrice où sa secrétaire les attendait et les fit entrer à l'intérieur. Durant tout l'entretiens qui eu lieu, Laura n'écouta pas un seul mot de ce que disait la femme face à eux, elle ignorait même de quoi Andreas elle parlait tant elle pensait au moment qu'elle attendait depuis si longtemps. La jeune femme se serait écouté elle aurait regardé l'heure sur sa montre afin de savoir combien de temps encore elle allait devoir rester assise ici, mais ayant été bien élevée et étant par conséquent polie, elle n'en fit rien, jouant simplement avec ses doigts pour s'occuper. Laura vit enfin la jeune femme se lever de son fauteuil, Andreas et Laura lui emboitèrent le pas, la suivant jusque dans une petite salle où des bambins jouaient entouraient d'auxiliaires. Le regard de Laura balaya rapidement la salle se posant instantanément sur la petite fille qui jouait tranquillement dans son coin, frappant le sol avec la poupée qu'elle tenait entre ses mains. Un sourire se dessina alors sur ses lèvres tandis qu'une jeune femme se dirigeait vers elle pour l'amener à ses nouveaux parents. Lorsque Laura eu enfin la petite dans ses bras des larmes coulèrent le long de ses joues, des larmes de joies qu'elle n'arrivait pas à arrêter tandis que son mari passait sa main dans son dos pour la réconforter tout en passant une main dans les cheveux de la petite. Son cœur battait à toute vitesse dans sa poitrine, elle ne parvenait encore par à réaliser ce qui lui arrivait, elle n'arrivait pas encore à croire qu'à présent elle était mère et que la petite fille qu'elle tenait dans ses bras était la sienne, c'était son enfant à elle et personne ne pourrait jamais le lui enlever.